TRIBU GORAN

Ethnie : Raen exclusivement
Divinités : Azim, Nhaama
Mode de vie : Nomade
Armes : lance (mixte), hache (mâles), arc (femelles), sceptre de bois (chaman)
Couleur : Vert
Totem : Bandersnatch




Goran vient d’une dérive de langage où « go » signifie « un » dans le sens "solitaire", et « ran » signifie « soleil » (dérivé de la langue aoranne « naran »). Chaque jour qu’Azim fait, il voyage seul à travers le ciel : ce nom est donc un hommage à Azim et sa course solitaire. Cette tribu fait partie des premières à s’être formées et, comme les Ashina, ils ont farouchement préservé leurs traditions.

Ce sont les plus grands nomades. Dans un cercle infini, ils commencent leur voyage au nord-est, passent par l’est, le sud-est, le sud, le sud-ouest, l’ouest, le nord-ouest et le nord pour enfin retourner à leur point de départ au nord-est, d’où ils repartiront de la même façon. Ils comptent entre seize et vingt-deux étapes, qui durent entre deux semaines et deux mois chacune, selon les ressources.




Les Goran sont ceux qui ont le territoire le plus vaste puisqu’ils font le tour complet du désert. Ainsi, contrairement aux deux autres tribus qui vivent au rythme des saisons, cette tribu a créé son propre cycle où le temps n’a aucune emprise. Peu importe si la durée n’est pas la même d’un tour à l’autre, seul l’accomplissement de toutes ces étapes concrétise la notion de cycle.



La différence de taille entre les mâles et les femelles reste flagrante comme pour tous les Ao Ra. Si les mâles entrent dans la moyenne connue du peuple aoran, ils ont cependant une carrure plus large et développée que chez les Ashina et les Kaju. Des trois tribus, ils ont le rapport de force brut le plus élevé. Plus lents que les Ashina à cause de cette plus grande masse musculaire à porter, les Goran restent un peuple endurant, le seul à faire le tour complet du désert de Nhaama.

La carnation de leur peau tire entre le brun argile et le cuivré à reflets bleus pour les mâles, et entre le doré et le cuivré pour les femelles. Comme pour tout peuple nomade du désert de Nhaama, leur teint s’assombrit avec l’âge, et les hommes sont naturellement plus foncés que les femmes.




Les Goran ont le mode de vie ordinaire du peuple nomade, et ils apprécient la routine qui rythme leurs journées : chasse, cueillette, travail de la peau, fabrication ou réparations d’armes à partir de tendons et d’os, recherche d’eau pour abreuver toute la tribu et les bêtes de somme qui l’accompagne. Toutefois, ils présentent une originalité qui interdit aux hommes et aux femmes de se côtoyer le jour, tant qu’Azim parcourt le ciel. Ces mœurs étonnantes sont le résultat d’une légende façonnée au fil des siècles, que le vent du désert continue de murmurer :

« Voyez-vous le pâle croissant de lune dans la nuit ? Autrefois, la lune brillait comme le soleil. Voici comment elle perdit son éclat...

Au commencement du monde, le soleil et la lune brillaient autant l’un que l’autre. Ils se faisaient souvent la guerre pour savoir qui règnerait dans le ciel.

Un jour, le soleil dit à la lune :

« Et si nous faisions une trêve ? Sortons avec nos enfants pour la journée. Nous pourrions aller nager dans la rivière. »

La lune trouva l’idée bonne. Quand ils arrivèrent au bord de l’eau, le soleil suggéra que sa famille et lui-même aillent se baigner dans un coude de la rivière.

« Tu n’as qu’à attendre que nous soyons dans l’eau. Dès qu’elle bouillonnera, tu sauras que nous y sommes et tu pourras te baigner. »

La lune acquiesça, mais dès qu’ils furent hors de vue, le soleil et ses enfants firent un grand feu et jetèrent les braises dans la rivière. Bientôt, l’eau se mit à bouillir. Et la lune entra dans l’eau avec sa famille.

Cela produisit un énorme nuage de vapeur. La lune et ses enfants se baignèrent joyeusement. Puis tous sortirent de l’eau. Alors, quand la lune se regarda, elle constata avec effroi quelle avait perdu sa belle teinte jaune vif. Tout son éclat et sa chaleur l’avaient quittée !

Quand le soleil vit sa rivale, il se mit à rire et déclara :

« Eh bien, je suis désormais le plus brillant, par ici ! »

La lune en fut très offensée. Elle comprit que le soleil n’était pas un ami. Il lui avait joué un mauvais tour pour lui faire perdre sa couleur et devenir, lui, le plus radieux du monde.

« Je vais peut-être devoir attendre longtemps, mais je me vengerai », promit la lune.

Les mois passèrent. Une terrible famine s’abattit sur le monde ; hommes et bêtes périrent en grand nombre. La lune alla trouver le soleil.

« Nous ne pouvons plus prendre soin de nos familles, en ces temps de crise, dit-elle. Plutôt que de les voir mourir de faim, nous devrions faire disparaître nos enfants.

− C’est vrai, dit le soleil. Mais comment nous y prendre ?

− Emmenons nos familles à la rivière, et là, nous les tuerons, répondit la lune. Je vais aller plus haut. Quand tu verras descendre le sang descendre le courant, tu sauras que j’ai fait ce que je devais faire. Alors, ce sera à ton tour. »

Le soleil se rendit à la rivière avec sa famille et attendit. Quand il vit une eau rouge sang descendre le courant, il tua ses enfants et les jeta dans les flots. Mais la lune n’avait pas sacrifié sa famille. Avec ses enfants, elle avait jeté de la terre rouge dans la rivière, donnant à l’eau une teinte sanglante. La lune était vengée. Le soleil avait perdu sa famille, tandis qu’elle conservait la sienne.

Depuis, le soleil brille de tous ses feux dans le ciel, mais il est seul. Tandis que la nuit, quand l’astre lunaire apparaît, pâle dans le ciel sombre, il est entouré de sa nombreuse et scintillante famille. »


Cette légende est donc celle qui régit la vie des Goran. C’est pourquoi, lorsqu’Azim traverse le ciel, hommes et femmes se séparent, afin de partager la solitude du soleil. Chacun vaque à ses occupations, les mâles endossant plutôt des tâches telles que la chasse, la confection d'armes et la surveillance des troupeaux, alors que les femelles entretiennent le feu, tissent, montent les tentes et sont chargées de trouver de l'eau. Les enfants restent avec les femmes jusqu'à l'âge de douze ans, ensuite seulement les filles sont gardées et les garçons rejoignent les hommes.

Si un membre tente de tromper cette règle sacrée, il se fera exclure de la tribu durant un cycle lunaire entier, et n’aura pas le droit d’approcher les siens à moins de cinquante pas.

Quand le soleil termine sa course à l’horizon et que vient la nuit, alors tous les membres se réunissent à nouveau sous la bienveillance de Nhaama, elle-même entourée de ses enfants étincelants.

Le repas du soir est le seul où les hommes, les femmes et les enfants mangent ensemble.